samedi 6 octobre 2012

Saint-Florent-sur-Auzonnet : « Cendres » , un spectacle burlesque et déjanté qui interpelle…

Ce vendredi, la place de la Mairie était transformée en scène de théâtre de rue pour accueillir la pièce « Cendres »  sous l'égide de la commission culture de Vivre-en-Cévennes. 
Deux personnages, cagoulés, tout de blanc vêtus, traversent la place en tirant un carton d'où émanent des cris de bébés. Avec une pelle, l'un d'eux jette des feuilles mortes sur le gazon, puis ils font des tas de farine sur lesquels ils écrasent des œufs sur le sol, déposent sur une caisse la photo d'une vieille femme, un pot de conserve qui contient un dentier et un récipient qui s’avérera être une urne funéraire. Une robe de mariée est soigneusement étalée par terre. Une attitude assez déconcertante et grotesque, un peu dérangeante dont on finit par comprendre le sens lorsque l'un d'eux réquisitionne une spectatrice pour qu'elle lise les dernières volontés de leur mère défunte. Ceux-ci doivent trouver l'amour et séduire les femmes de l'assistance pour trouver une épouse. Mais les deux orphelins sont complètement inadaptés aux bonnes mœurs de ce monde. Véritables zombies, ils croient qu'on attrape une épouse comme on piège un animal en semant de la mie de pain et de la confiture, en jetant de la farine, des chips, des pétards, en écrasant des œufs, des pots de yaourt  ou en se parfumant au déodorant WC. 
Petit à petit, leur quête tourne au naufrage et leur beau costume blanc immaculé devient de plus en plus sale tandis que le parvis de la mairie se couvre d'immondices.  Les scènes déjantées, déroutantes voire délirantes se succèdent avec un rythme accéléré. Une démarche finalement pathétique qui amènera les deux frères bredouilles à se marier ensemble, à répandre les cendres de la mère sur le sol, se libérant enfin de cette emprise maternelle destructrice et castratrice. 
Au final, le public reste partagé et interloqué. Si les gags et facéties soulèvent des éclats de rire, cela ne suffit pas. Difficile en effet de suivre le fil rouge et de comprendre les finalités de cette histoire.
Un spectacle tragico-burlesque cependant joué magistralement par deux comédiens qui n'hésitent pas à se mettre littéralement  à nu… Parfois bouffons, clowns, absurdes, violents, fragiles ou pathétiques leur dérive émeut finalement le public qui a copieusement applaudi leur performance.